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L’ENNEMI DES FEMMES

cri continu, elle fit si bien, qu’elle arriva la première et qu’elle remporta le prix.

Les exercices occupèrent toute la journée. Vers le soir, avant de retourner à la ville, on se reposa. Des bouteilles de vin de Champagne furent tirées des traîneaux ; on but aux victorieux, aux victorieuses. Personne, évidemment, ne songea à porter un toast selon la vieille mode polonaise ; car il eût fallu emplir les bottes de ces dames, au lieu de leurs souliers de bal ; ce qui eût donné d’effroyables proportions à la galanterie.

Constantin trouva le moyen de s’approcher de Petrowna et de l’attirer un peu à l’écart.

— Si vous m’aviez dit, balbutia-t-il d’un ton de reproche, doux et suppliant, que vous désiriez venir à cette fête, je vous aurais offert de vous conduire.

Petrowna le regarda de cet air d’ironie méchante qu’elle prenait autrefois, et qui la rendait si jolie, en la rendant plus haïssable :

— Vous auriez eu tort, répondit-elle. Vous vous seriez privé de la gloire de partager le traîneau de M. le directeur.

— Que vous ai-je fait, Petrowna, pour que vous me traitiez ainsi ?

— Je vous traite, il me semble, de façon à ne pas nuire à votre avancement.

— Ne remontez pas, je vous en conjure, dans le traîneau de Melbachowski.

— Pourquoi donc ? Melbachowski est un homme charmant, inoffensif ; c’est un grand ami de Diogè-