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L’ENNEMI DES FEMMES

pli avec fidélité, courage, intelligence. C’est l’âme de la vieille Galice toute pure qui a présidé à la rédaction de notre journal. Vous avez entendu le génie même du peuple vous parler. C’est à lui surtout que vous devez votre reconnaissance. Qu’il vive beaucoup d’années[1] !

— Beaucoup d’années ! crièrent les personnes pressées autour de Nadège.

— Beaucoup d’années ! répétèrent des milliers d’échos.

Ce fut à grand’peine que madame Ossokhine put entrer chez elle et se trouver seule avec ses amis. Pendant qu’on lui préparait le thé, elle se mit rapidement au courant de ce qui intéressait le journal, très satisfaite des renseignements qu’on lui donna ; et quand elle les eut reçus, elle dit à Petrowna :

— À nous deux, maintenant !

Petrowna confessa les tristesses du palais de bois, le départ de M. Pirowski, la solitude dans laquelle on y vivait, la désertion de Melbachowski, la quasi-désertion de Constantin, qui n’avait pas reparu depuis la fête des traîneaux.

— Tout cela n’est pas grave, — reprit Nadège, — j’arrangerai tout cela.

— Excusez-moi, panna, ceci est grave, — repartit Gaskine qui se rapprocha, — car ce qui se passe dans la famille Pirowski s’est passé dans d’autres, pendant votre absence. Il y a une épidémie sur les amours. On ne se marie plus. Un mauvais génie

  1. C’est le vivat petit-russien.