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L’ENNEMI DES FEMMES

— Revenir avec moi, dans mon traîneau et rentrer chez vous.

— C’est ma femme qui aurait dû venir me chercher ! Vous envoie-t-elle ?

— Ah ! monsieur Pirowski, ne lui reprochez pas sa fierté qui la justifie et qui vous laisse un rôle de générosité apparente. Vous ne nous pardonnez pas, vous autres hommes, d’être fières, — continua madame Ossokhine avec un soupir, — et pourtant vous nous mépriseriez d’être esclaves. L’estime vous gêne, et vous ne pouvez vous en passer. Oui, madame Pirowska n’est pas la seule qui se soit séparée de celui qu’elle voulait toujours aimer, pour n’avoir pas voulu jouer la comédie sentimentale d’une maîtresse qu’on frappe et qui vous adore, en raison des coups qu’elle a reçus.

— Oh ! je ne l’ai jamais menacée, même d’une chiquenaude, — s’écria le pauvre mari. — Je suis un gentilhomme !

— À la bonne heure ! Eh bien, partons-nous ?

— Je suis prêt, dit Pirowski.

Nadège le fit monter dans son traîneau et le ramena à la ville. Quand on fut arrivé au Palais de bois, M. Pirowski tremblait comme un amoureux naïf après une scène de dépit. Il entra dans le salon où était sa femme, et ne trouva rien de plus éloquent à lui dire que d’aller s’agenouiller devant elle.