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L’ENNEMI DES FEMMES

sa femme aurait encore le grand avantage de donner, par la reconnaissance, le major pour allié à madame Ossokhine dans ses petites manœuvres stratégiques contre Diogène.

— Chère petite, — dit-elle à Petrowna, — comment se fait-il que le major, qui vous brûle un encens perdu, n’ait pas songé à votre sœur ?

— Parce que M. Diogène m’avait sans doute livrée aux calculs de ce héros.

M. Diogène aura son tour ; nous en aurons raison, je vous le jure. Et vous, mignonne, je veux vous réconcilier avec M. Constantin.

— Ah ! chère sœur, réconciliez-moi aussi avec moi-même ! J’en veux beaucoup à M. Constantin ; mais je ne sais si, par moments, je ne m’en veux pas davantage encore.

— Voilà un bon sentiment. Laissez-moi faire.

Qui expliquera jamais les bizarreries du cœur humain et les malentendus des âmes les mieux faites pour s’aimer et se comprendre ?

Il semblait tout naturel qu’avec son autorité quasi-maternelle madame Ossokhine fît honte à Constantin de sa fierté malavisée, et à Petrowna de sa malencontreuse coquetterie. Mais Constantin, qui avait une secrète rancune et un préjugé violent contre la femme de lettres, reçut mal ses observations, attribua à ses idées indépendantes la révolte de Petrowna, et déclara que, n’étant coupable en rien, il ne retournerait au Palais de bois que