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L’ENNEMI DES FEMMES

gardait l’exaspéra, et le lendemain il satisfit autrement son dépit.

Il se rendit à Lemberg, et, dans un journal du gouvernement, il répondit par un article court, violent, injurieux, au portrait du Philosophe, par l’esquisse de la femme sans préjugés.

Il ne discuta pas les détails du portrait auquel il répondait. Il les traita en bloc de mensonge. Il déclara insolemment que la vocation d’écrire n’était chez certaines femmes que la vocation de prostituer leur âme, pour achalander leur beauté. Imitant ou parodiant les conclusions de l’article de madame Ossokhine, il regretta que la police qui ramasse les femmes ivres ou éhontées dans la rue, ne pût se charger de l’exécution de ces journalistes interlopes, et il fit allusion à un châtiment manuel très outrageant, qu’il offrait d’appliquer à l’auteur d’un si impertinent article, la première fois qu’il la rencontrerait.

À peine cette diatribe écumante eut-elle paru, qu’on attendit avec stupeur la réplique de Nadège.

Petrowna, dès qu’elle eut connaissance de cette réponse sauvage, distribuée à profusion dans la ville, accourut en toute hâte, fut surprise de trouver Nadège, calme, presque souriante, et, dans son indignation, elle s’écria que les hommes étaient des lâches, s’ils toléraient un pareil attentat ; que quant à Constantin, elle ne le reverrait jamais, s’il hésitait à aller souffleter Diogène.

Le vieux Gaskine arriva également de Troïza