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L’ENNEMI DES FEMMES

— Non, dit Diogène d’un ton sec, il faut que cela soit.

— Mon cher, — ajouta le comte polonais en s’adressant à Melbachowski, — pourquoi nous priver d’un spectacle original dont on parlera beaucoup ?

Diogène lança un regard presque féroce à son témoin ; sa moustache frémit, comme s’il allait proférer une menace.

Cependant, le major et M. Barlet s’avançaient gravement. On se salua de part et d’autre, dans les règles. On mesura la distance. Personne ne prononça une parole de plus que celles qui étaient nécessaires pour régler les conditions du duel.

Le major et Melbachowski chargèrent les pistolets et les deux singuliers adversaires marchèrent l’un contre l’autre.

Il faut le répéter ; non seulement une pareille rencontre est possible sur le théâtre de cette histoire ; mais elle est absolument et rigoureusement historique.

Malgré son stoïcisme, le major faillit pousser un cri, et, malgré son fanatisme chevaleresque, malgré les souvenirs de la romance du beau Dunois, Barlet devint rouge de honte, en voyant une femme s’exposer ainsi, avec son consentement, en sa présence.

Diogène avait reçu du sort le droit de tirer le premier. Il leva son pistolet et le déchargea en l’air.

Nadège abaissa son arme.