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Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/258

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L’ENNEMI DES FEMMES

faire des miracles, et c’est m’offenser en offensant Dieu que de me supposer l’orgueil d’un sorcier. J’ai rendu Jaroslaw à la raison. Vous le maintiendrez raisonnable, et j’espère qu’il vous fera heureuse, si vous méritez le bonheur, par la soumission, la modestie et le silence.

Le bruit des grelots avertit que le traîneau était attelé et attendait devant la porte.

Constantin et Petrowna montèrent vivement et s’assirent l’un à côté de l’autre. Jaroslaw salua son père et sa fiancée, prit le fouet et lança les chevaux au galop.

L’hiver a des gaietés et un luxe que le printemps pourrait lui envier. La vaste plaine couverte de neige était inondée d’un soleil magnifique que ne voilait aucun nuage ; elle étincelait comme une mer de diamants. Les chaumières semblaient tressaillir sous les rayons de cette lumière qui fondait la neige aux angles des toits ; les sapins découvraient leur verdure cachée, et aux branches des buissons, aux margelles des puits, aux gouttières des fermes, on voyait s’allonger et s’amincir des stalactites de glace que le soleil irisait.

La campagne avait une parure de mariée. Ce fut Jaroslaw, redevenant toujours un peu poète, quand il s’éloignait de la maison paternelle, qui fit le premier cette remarque.

— Voilà pourtant un gros point noir, une tache de mauvais augure dans le ciel ! dit Constantin.

Jaroslaw regarda le point indiqué. C’était un