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L’ENNEMI DES FEMMES

beaux qui ne servaient que dans les occasions solennelles et qui paraissaient faits pour contenir des cierges ; puis il ouvrit lentement la porte de la chambre.

Diogène était penché hors de son lit, curieux, avide, haletant.

Dans l’encadrement sombre, une femme apparut ; elle avait une longue pelisse noire, un voile.

— Gaskine, Gaskine, aidez-moi à me lever, — murmura Diogène ; — c’est à genoux, à deux genoux, que je veux la revoir !

Gaskine ne lui répondit pas. Nadège s’avançait doucement : elle vint au lit, souleva son voile, et tendant la main au blessé :

— Tu m’attendais donc ? dit-elle d’une voix douce, profonde.

— Je t’appelais tout bas, mais je n’osais t’espérer.

Elle s’assit. Diogène avait remis sa tête sur l’oreiller, dans cet état de béatitude qu’on ressent après la délivrance d’une grande angoisse ; il la regardait sans lui parler, n’ayant pas la force de demander pardon, de lui adresser une parole de tendresse, se contentant d’attirer doucement sa main, qu’il portait à ses lèvres.

Le vieux Gaskine, ravi de ce tableau qui menaçait un peu son stoïcisme, voulut sortir pour ne pas laisser surprendre son attendrissement.

Nadège l’entendit marcher.

— Restez, Gaskine, lui dit-elle.