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XXI

LE REMORDS ET L’AMOUR

Diogène resta quelques jours enfermé chez lui, pour achever sa convalescence, et aussi pour s’interroger sérieusement, pour repasser sa vie.

L’apparition de Nadège avait ramené la lumière, le bon sens, le vrai courage et le sentiment délicat de l’honneur dans un esprit gâté et faussé par la vanité. Avant de reparaître devant sa femme, le philosophe voulait s’habituer à son aspect nouveau, se retrouver.

Au bout de huit jours de solitude, il n’y tint plus. Sans être parfaitement certain d’être guéri au moral, mais bien guéri au physique, travaillé d’un appétit de jeunesse, d’un renouveau de l’âme, comme ces terres que la sève tourmente et qui n’attendent pas que tous les débris de la saison passée soient disparus, pour reverdir et refleurir, Diogène avait hâte d’aimer sa femme et d’en être aimé, sans être persuadé qu’il méritât tout à fait cet amour.