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L’ENNEMI DES FEMMES

Constantin se soumit. Quant au major il ne se permettait aucune impatience. Ses créanciers, prévenus par la rumeur publique, lui rouvraient un crédit, plutôt augmenté que diminué ; la belle Léopoldine était fière de le voir attelé à son char et se trouvait si heureuse de cette conquête qu’elle la savourait lentement.

Diogène, que chacun attendait, était plus impatient que tout le monde de donner le signal.

Depuis la promesse, ou plutôt depuis les douces prémisses de sa réconciliation avec sa femme, Diogène était devenu son cavalier servant et, comme il l’avait dit, son esclave. Jamais fiancé, jonchant de bouquets l’avenue du mariage, ne se mit en quête d’autant de fleurs rares. Il en fit venir de partout, de Cracovie, d’Odessa où il avait remarqué une plante bizarre, de Paris, où on lui promettait la flore de toutes les parties du monde.

Tour à tour mélancolique et triste même, ainsi qu’il convient à un amoureux véritable, l’amant cynique sortait de ces langueurs par des éclats de grande gaieté. Quelque chose de son humeur moqueuse d’autrefois se redressait en lui, sous les fleurs sentimentales, le sifflait et le mettait en verve d’hommages bizarres.

— Je suis sûre, — disait un jour Nadège à Petrowna, — que quand tout sera fini ; que quand j’aurai succombé à la tentation de tout oublier et d’effacer le passé, il tirera un feu d’artifice ou mettra le feu