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Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/310

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L’ENNEMI DES FEMMES

reconnu dans quelques mots ingénieux d’éloges, l’opinion de Nadège sur cette parure, n’hésita pas à faire venir la pareille ; peut-être même fût-ce celle de la grande-duchesse russe que le joaillier parisien lui adressa.

— Je vois, — lui dit Nadège, un soir qu’il la regardait béatement comme un dévot attendant un oracle ou un miracle, — je vois que tu as un incomparable talent d’adorateur, d’amoureux. Je suis contente de toi, mon cher soupirant ; pourtant rien de tout cela ne me prouve ta vocation de mari.

— Faut-il donc, pour être mari, cesser d’adorer ?

— Non ; mais voilà trop de flamme et pas assez de foyer !

— Si tu veux plaisanter, Nadège, la plaisanterie est cruelle ; si tu parles sérieusement, en vérité je le reconnais, je suis incapable d’être le mari qui te convient, et je te ferai veuve.

— Fou !

— Oui, je suis fou ! mais j’aspire à la raison, à la sagesse. Tu me vantes un talent que je veux abdiquer. Je ne suis qu’un idolâtre. J’adore une statue, une vision. Fais-moi aimer la réalité.

— Que te manque-t-il ? demanda Nadège palpitante.

— Le mariage !

— À toi ?

— Oui, à moi, le cynique, le philosophe, le sot, l’ennemi des femmes !