Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
L’ENNEMI DES FEMMES

tard pour elles un orchestre et une salle de danse, sous les arbres.

On causait et on souriait dans le salon de la Maison de bois.

Le vieux Barlet qui était peut-être bien pour quelque chose dans le plan et l’exécution de la cérémonie expiatoire, rayonnait, et déclara que depuis la naissance du roi de Rome, il n’avait jamais ressenti tant de joie. Il allait de groupe en groupe, ou plutôt de couple en couple, son dictionnaire de l’amour à la main, offrant de prouver que ce livre merveilleux, ayant prévu tous les cas, avait prévu celui-ci.

— Vous vous trompez, mon cher maître, — lui dit Petrowna en riant. — J’ai feuilleté votre bouquin. Il y manque, à la dernière page, une conclusion que je vous offre.

— Voyons, mademoiselle.

— C’est celle-ci : « Les martyrs ont toujours vaincu les tyrans ! »

— C’est que, dans mon pays, mademoiselle, le martyre féminin est inconnu.

— Alors, votre livre n’a pas la prétention d’être universel ; s’il tend à l’être, il doit avoir ce post-scriptum. Je le signerai au nom de tous mes compatriotes.

Barlet consentit à la correction du texte sacré.

Une semaine plus tard, une fête plus émouvante amusait la ville. Un cortège plus long, plus brillant, plus paré, parcourait encore les rues, mais