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Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/37

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L’ENNEMI DES FEMMES

il ne me résistera pas toujours. J’en ferai peut-être l’amant de Petrowna ; mais je jure bien qu’il ne l’épousera jamais.

Quand, après une longue conversation, Diogène reconduisit ses hôtes jusqu’au péristyle de sa maison, il dit gravement à Constantin :

— Voulez-vous m’aider à compléter le dossier de Petrowna ?

— Comment ?

— J’ai la description de toute sa personne, moins celle de son pied. C’est là une lacune formidable. Le pied en dit plus que la main. Les chinois ont raison de vouloir rendre leurs femmes fidèles, en leur mutilant les pieds. Jusqu’ici, malgré toutes nos ruses, il n’a été possible à aucun de nous de voir le pied de Petrowna. Tâchez d’être plus heureux. Je pourrais vous demander de découvrir les sources du Nil ; ce serait plus facile. Prenez-y-garde ! Petrowna est fille à défendre son pied jusqu’à la dernière extrémité.

Constantin accepta comme une plaisanterie la recommandation de Diogène, et le quitta avec l’agacement nerveux d’un homme qui sort d’une mystification, mais qui veut s’y prêter encore pour ne pas paraître susceptible.