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L’ENNEMI DES FEMMES

tout en regardant deux papillons qui s’ébattaient dans un rayon de soleil, au-dessus d’un rosier :

« Voilà mon mari ; je n’en aurai pas d’autre. »

La première visite fut courte. Diogène dirigea la conversation, et la maintint dans un ton d’amabilité légère qui laissa des regrets quand il donna au major le signal de la retraite.

Celui-ci était admis, avec le droit de revenir.

Il en profita aussi souvent que le permettait la bienséance polonaise.

Quand il n’osait pas faire visite, il passait à cheval deux fois par jour, saluait les dames qui se tenaient à la fenêtre ou au balcon, et, ce qui leur était particulièrement agréable, faisait jouer deux fois par semaine la musique du régiment sur la place devant leur maison.

Constantin, cependant, ne demeurait pas oisif. Il ne pouvait songer à Diogène pour être présenté ; il s’était bien aperçu d’ailleurs que le major était introduit dans la place ; mais il était plus jaloux de cette faveur pour la faveur elle-même que par la crainte d’être supplanté auprès de celle qui ne lui avait fait encore aucun aveu.

Il avait son plan, qu’il ne confia à personne, et qui lui paraissait d’autant plus ingénieux que grâce à ce plan, il entrait dans la maison Pirowski sans s’exposer à en être éloigné par une rebuffade de Petrowna.