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L’ENNEMI DES FEMMES

férente, au milieu de tous ces mouvements du pauvre amoureux ; battant l’air de ses tresses blondes, comme avec les lanières d’un fouet, à chacun de ses gestes vifs et mutins, s’élançant d’un bond vers tout ce qui lui appartenait, et que Constantin pouvait être tenté de lui offrir, quand elle en avait besoin.

Un jour, elle entra dans le jardin, comme Léopoldine en sortait, après un entretien qui paraissait avoir été très animé, entre elle et Constantin.

Petrowna hésita une seconde ; mais elle ne voulut pas paraître fuir, et, s’avançant résolument, saluant à peine le pauvre amoureux intimidé, elle alla droit à un massif de groseillers et se mit à en casser de petites branches, au risque de se déchirer les doigts.

Constantin, absolument dans son rôle, s’approcha et lui dit :

— Mademoiselle Petrowna, je vois bien maintenant que vous me détestez.

Elle répondit sans le regarder :

— Je ne veux pas vous gêner.

— Me gêner ?

— Ne viens-je pas d’interrompre une conversation, fort intéressante sans doute, avec Léopoldine.

— Fort intéressante, en effet ; nous parlions de vous.

— De moi ?