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L’AMOUR CRUEL

Trafford, en proie à une émotion indescriptible, alla se poster au bas des marches que Sparte devait descendre en quittant la reine. Soudain, Wood se trouva à ses côtés.

— Ne t’empresse pas tant autour de la belle en costume de page, lui glissa-t-il à voix basse. Elle n’est pas libre.

— Comment cela ?

— Tu as vu l’image qu’elle cache dans son sein ?

— Eh bien ?

— C’est le portrait d’un homme, d’un très bel homme, d’un homme distingué, un noble, qui a trouvé commode de faire venir la petite, sous ce déguisement, à la Cour, et qu’elle va voir de temps en temps.

— Tu mens, cria Trafford.

— Convaincs-t-en toi-même. Une heure avant minuit, elle quitte le palais, enveloppée d’un manteau blanc. Il y a aujourd’hui cinq jours qu’elle a tenté l’aventure pour la dernière fois. Il y a donc quelque chance pour que tu acquières bientôt une certitude. Bonsoir, mon ami.

Wood laissa Trafford aux prises avec toutes les affres de la jalousie. Le gentilhomme réfléchit lon-