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L’AMOUR CRUEL

bandes de loups, ils atteignirent les prairies de l’Ukraine.

Le printemps avait rompu ses liens, la neige fondait, les ruisseaux et les rivières mugissaient avec une force renouvelée, à travers la plaine.

Arrivé au premier hameau cosaque, Hemelnizki fît halte. Quand les habitants virent la troupe armée, ils redoutèrent une invasion des Polonais, dont la noblesse turbulente avait coutume de poursuivre ses rapines jusque dans leurs domaines. En conséquence, le tocsin fut sonné et des mâts dressés, supportant des bottes de paille embrasée. Ces signaux transmirent la nouvelle de colline en colline et de hameau en hameau.

Hemelnizki parvint facilement à s’entendre avec les habitants de ces frontières. Il était encore occupé à leur exposer sa situation, lorsque, de tous côtés, des Cosaques arrivèrent au galop. Bientôt, toute une armée se trouva rassemblée, tant ce petit peuple, qui connaissait la perfidie de ses voisins. était toujours prêt à la guerre.

Hemelnizki demanda à parler à leur hetman.

— Nous n’avons de chef qu’au temps de guerre, lui répondit un vieux Cosaque. En temps de paix, nous vivons tous égaux, en terre libre. Pour