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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/283

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LES NOCES SANGLANTES DE KIEW

mûrissent la noble vigne et les doux fruits du midi. Vous habitez un paradis et jouez le rôle de mendiants qui se nourrissent péniblement dans un désert.

— Notre peuple nous a délégués pour prier… recommença le jeune ambassadeur.

— Et si j’oppose un refus à vos prières ?

— Nous opposerons notre refus au tien.

— Alors, c’est un défi ? cria le czar en se levant. Eh bien, nous verrons cela. Retournez à votre pays de miel et de lait et apprenez à vos mandataires que ce que vous ne donnerez pas de bon cœur, j’irai me le chercher.

— Tu laisses partir ces arrogants, avec cette bonté ? demanda la czarine à son époux, en jetant sur les Dérewlans un regard étincelant de colère. Je sais un meilleur procédé.

— Et que ferais-tu ?

— Je les ferais enchaîner, et j’imaginerais de nouvelles tortures, pour vaincre leur orgueil.

— J’ai donné ma parole, je la maintiens. Allez !

— La belle créature ! murmura Mak en quittant la salle.

— Elle eût préféré nous voir écarteler tout de suite, railla l’un de ses compagnons.