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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/328

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L’AMOUR CRUEL

— Et son fils, William, le joyeux fainéant, écrit des pièces dont tout le monde parle ?

— Et qui mettent Londres sens dessus dessous. À son sujet, la cour et la noblesse, les poètes et les savants se divisent en deux partis qui se combattent violemment. Mais, aujourd’hui, nous comptons mettre fin à la gloire de ce clown.

— En quoi est-ce un clown ?

— En ce qu’il se permet d’écrire pour le peuple, fit Glendower avec animation, et qu’en recherchant l’approbation des filles et des matelots qui l’acclament, il introduit dans l’art un goût bas et grossier que nous ne saurions souffrir. Produire sur les planches des personnages tels que nous en voyons journellement, en plein jour, dans les rues, et, la nuit, dans les tavernes, qui boivent, jouent et se querellent, ce n’est pas de l’art, mon cher Amias, et c’est là tout ce que Shakespeare sait faire. Il s’est bien essayé dans la manière noble ; mais, après avoir piteusement échoué dans des saloperies telles que Vénus et Adonis, L’enlèvement de Lucrèce ou comme ses inepties s’appellent, comprenant qu’il ne pouvait rivaliser avec un Lilly et un Hughes, il s’est mis à écrire pour le peuple.

— Cela lui ressemble bien, remarqua l’offi-