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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/352

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L’AMOUR CRUEL

sitôt qu’il put supposer qu’Ariella s’y trouvait, se hâta vers les coulisses, décidé à profiter de l’avantage que lui donnait l’absence du poète.

Il n’eut pas à chercher longtemps. Ariella se tenait derrière le rideau de la scène, rayonnante de beauté juvénile, qu’une souple robe de soie blanche et une rose blanche dans les cheveux, rehaussaient encore.

Lorsque le Lord vint la saluer, ses grands yeux éloquents se fixèrent sur lui avec un déplaisir étonné.

— Qui cherchez-vous, Seigneur ? dit-elle avec vivacité. Certes, c’est vous que je m’attendais le moins à trouver ici ce soir.

— La ravissante et non moins malicieuse Ariella, n’a-t-elle point deviné depuis longtemps que lord Glendower est son esclave ?

— Épargnez-moi vos flatteries à double sens, répondit Ariella, tandis qu’un sourire méprisant relevait le coin de sa lèvre en fleur.

— Je dis la pure vérité en vous confessant le charme sous lequel vous me tenez enchaîné.

— Pas un mot de plus. C’est par vous que Shakespeare est à la Tour. Je vous abhorre.

— Abhorrez-vous aussi ces pierres ? demanda