Aller au contenu

Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
376
L’AMOUR CRUEL.

« Mes frères et mon peuple !
« Mes fidèles coreligionnaires !

« Je vous ordonne de célébrer, le neuvième Ub prochain, une grande fête accompagnée de réjouissances. Car c’est le jour de naissance de Sabbathai Zewy, votre roi et le roi des rois de la terre. Je conclus avec vous une éternelle alliance, l’alliance promise à David. Ainsi vous parle l’homme qui est au-dessus de toute gloire et de toute louange, l’oint du Dieu d’Israël,

« Sabbathai Zewy. »

Un jour, un célèbre rabbin polonais, du nom de Néhémias, vint trouver Sabbathai et entreprit de lui prouver par le Talmud que les signes précurseurs de l’arrivée du Messie ne s’étaient pas encore réalisés. À son tour, Sabbathai ne put le convaincre. Le rabbi polonais le traita d’imposteur et, Sabbathai l’ayant menacé de mort, il s’enfuit poursuivi par les partisans de Zewy. Déjà il se voyait perdu, lorsqu’il eut l’idée de jeter à terre son bonnet polonais, et prenant le turban du premier Turc venu, il s’en coiffa en criant qu’il se faisait musulman. Ainsi seulement il put sauver sa vie.

Amené à Andrinople, il y réitéra, en présence