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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/57

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LA CZARINE NOIRE

elle se recula sur sa selle et, tandis que l’animal happait sa manche de ses terribles crocs, elle lui piqua sa lance dans la gueule. Un jet de sang éclaboussa la czarine. La bête eut un sursaut et, blessée à mort, s’effondra avec un râle, déchirant dans sa chute la robe lustrée du cheval impérial.

Narda essuya son arme au poil de l’animal, choisit une autre monture et prit le chemin couvert de neige qui pénétrait dans la forêt.

Ses femmes retirèrent leurs flèches du cadavre de la bête qu’Olga attacha à la selle de son cheval.

Bientôt, la czarine vit s’élever une colonne de fumée mêlée d’étincelles, par-dessus les arbres blancs. En même temps, elle perçut le bruit régulier d’un marteau, suivi des gémissements de l’enclume. Elle avança dans cette direction et découvrit, à un endroit où le fourré s’éclaircissait, les constructions noires et basses d’une forge.

Elle s’arrêta.

Un homme vêtu de toile, sa puissante poitrine mise à nu, se tenait debout dans la neige qui lui montait jusqu’à la cheville. Apercevant l’amazone qui, frissonnante, ramenait sur elle son ample pelisse, il essuya du revers de sa manche son front ruisselant de sueur et releva les cheveux