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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/69

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LA CZARINE NOIRE

Le boyard ne répondit pas.

— Je saurai te faire parler.

Elle visa un instant et décocha la flèche, qui se fixa dans le bras droit.

— Zoé ! cria le blessé dont le sang perla.

— Ah ! tu me connais à présent, dit la Grecque en écartant de la main les cheveux d’or qui voilaient son visage régulier. Et toi, comment te nommes-tu ?

— Romain.

— Eh bien, Romain, où veux-tu que je t’adresse ma seconde flèche ?

— Tu es belle comme Aphrodite, dit le jeune homme en la fixant de son doux regard bleu. Sois miséricordieuse, comme les dieux quand on les implore. Envoie-moi ta seconde flèche…

— Où cela ?

— Dans le cœur, Zoé.

Au même instant le cœur était percé. La jolie tête s’inclina sur l’épaule. La Grecque considérait le pâle cadavre avec mélancolie.

Un éclat de rire bruyant vint la heurter comme une dissonance.

La négresse venait de manquer pour la deuxième fois sa victime. Les archères l’entouraient en