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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/156

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LA FEMME SÉPARÉE

et demeurer dans un cachot que de découvrir chez l’être aimé la moindre sympathie pour un autre », sa passion l’enflamma de nouveau. Il m’attira sur sa poitrine, serra ma tête sur son cœur et me demanda un rendez-vous.

— Demain, lui dis-je.

La voix me manqua. Je tremblais comme une fiancée, je ne songeais plus à lui plaire. J’avais peur de lui, peur de moi…

— Demain, répétai-je à voix basse.

— Demain.

La grotte de Didon, la scène où je devais mettre mon talent à l’épreuve, était terminée.

— Comment ! une scène ? Toute une pièce ! demandai-je en souriant.

— Vous allez voir, repartit Mme de Kossow en jetant son cigare. J’avais étudié soigneusement mon rôle ; mon costume aussi était terminé.

— Un costume ?

— Ne m’interrompez donc pas, s’écria-t-elle en me frappant sur les doigts, cela n’est pas convenable ! Ainsi, oui… où avez-vous rompu le fil, méchant ?

— Vous en étiez à votre costume de théâtre.

Mme de Kossow se mit à rire.

— Vous vous imaginez sans doute un costume grec, n’est-ce pas ? couvert d’étoiles dorées, et une couronne de papier ?