Mon mari me trouva tout en larmes. Il ne m’adressa pas la parole.
Une semaine se passa. Je pus enfin quitter mon lit et m’étendre sur une chaise longue, pâle, les joues creuses, languissante. Je pensais constamment à Julian. Je l’aimais plus que jamais. Il me semblait que je ne pouvais plus vivre sans lui. En tout cas, j’étais décidée à ne pas me séparer de lui de cette façon brutale. Je voulais le revoir, lui parler, le remercier des jours de bonheur qu’il m’avait donnés, et, s’il le fallait, lui dire adieu, un adieu plein d’amour et de regrets.
Il tomba de la neige avec abondance. Je pus sortir en traîneau avec mes enfants. L’air âpre et froid me redonna des forces et effaça sur mon visage les traces de ma récente maladie. Mes couleurs me revinrent, l’espérance rentra dans mon cœur. J’écrivis à Julian la lettre suivante :
« Nous ne pouvons pas nous séparer ainsi, mon ami. J’ai, comme une mourante, à te remercier pour tant de bonté, tant d’amour, tant d’instants de bonheur. Là où s’écoulèrent pour nous des heures de félicité, là seulement je te quitterai, je te dirai adieu pour toujours.
» À ce soir, mon bien-aimé.