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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/199

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LA FEMME SÉPARÉE

— Que vous dirai-je ? Je suis hors de moi, s’écria Würger.

Il embrassa Julian, ne ferma pas l’œil de la nuit, et écrivit le jour suivant une préface enthousiaste destinée à la nouvelle, et qui fut une de ses meilleures productions.

Avec cela, n’étant jamais son chapeau quand il traversait le salon, ne saluant pas, même lorsque nous avions des visiteurs. Il était grossier avec tout le monde, passait des journées entières étendu sur un divan, entouré de livres, écrivait quelques lignes, mangeait comme un loup, était gourmand et connaisseur en vins. Il ne montrait guère de délicatesse qu’envers lui-même et ne supportait pas la moindre raillerie, bien qu’il passât son temps à plaisanter tous ceux qui l’entouraient.

En peu de temps, il se brouilla avec tout le monde, chez nous. Julian seul supportait ses grossièretés et le traitait avec douceur, voyant véritablement en lui l’homme méconnu, le grand esprit traqué et persécuté.

— Eh bien ! que dites-vous de mon idéaliste ? ne supporte-t-il pas brillamment les épreuves qui lui sont imposées ?

— Certainement, répondis-je. J’espère, toutefois, que ce M. Würger, lui aussi, rencontrera un jour son « valet de Nubie ».