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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/229

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LA FEMME SÉPARÉE

Ce qui était ravissant, c’était de voir comme ces petites malicieuses cherchaient à surprendre mon secret.

— Maman, dit un jour la petite Lola, je sais quelque chose.

Elle se pencha à mon oreille et chuchota :

— Julian est amoureux de toi !

— C’est possible !

— Mais je sais encore autre chose, continua la belle innocente. Tu es aussi amoureuse, toi, et je devine de qui.

Tandis que le comte Henryk me traitait de plus en plus en bon camarade, Wally Barwizka se montrait en quelque sorte amoureuse de moi ; elle avait des expansions subites, elle s’agenouillait à mes pieds, m’embrassait les mains, les cheveux. Non moins tendrement que moi, cependant, elle aimait mon café, et elle ne s’en allait jamais, même lorsqu’elle voyait Julian de mauvaise humeur, avant que les tasses vinssent sur la table et qu’elle en eût vidé deux à elle seule. Elle s’essuyait les lèvres alors et disait :

— Je crois qu’à présent vous pouvez vous passer de moi.

Turkul était allé rejoindre son régiment. Il m’écrivait de longues lettres, pleines de conseils.

— Et étiez-vous heureuse en ce temps-là ? de-