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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/250

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LA FEMME SÉPARÉE

donne guère ! Oui… je crois qu’elle l’eût déchiqueté comme une Euménide.

— Et puis ?…

— Je lui aurais pardonné.

— Et lui ?

— Lui ? répondit Mme de Kossow… lui, il m’eût adorée jusqu’à la folie.

Car à partir de cette nuit de bal, son imagination s’enflamma, et il m’aima avec un enthousiasme qui m’effrayait parfois. Il se calma cependant lorsque vint le printemps et que la mère d’Élisa exigea le retour de sa fille dans la maison paternelle. Ce départ l’attrista profondément. Il aimait Élisa comme une sœur.

La séparation fut pénible. Lorsque Élisa, tout émue à l’idée de quitter la maison où son bonheur s’était épanoui et où il s’était fané, s’approcha vêtue de son costume de voyage et joignit les mains devant la madone qui ornait le chevet de son lit, Julian ne put retenir ses larmes.

L’envie me mordit au cœur. Je crus que j’allais le haïr.

Quelques jours plus tard, mon père m’écrivit une lettre qui m’atterra. Sans donner aucune raison, il me supprimait la petite pension qu’il m’avait si solennellement promis de continuer. C’étaient la colère et la jalousie de ma belle-mère qui étaient cause de