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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/280

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LA FEMME SÉPARÉE

l’aimais pas, l’idée que j’aurais pu lui devenir indifférente m’était insupportable.

— Je vois que tu ne m’aimes plus ! m’écriai-je.

— De quelle manière l’entends-tu ? me dit-il en souriant.

— Tu me laisses constamment seule.

— Mezischewski n’est-il pas auprès de toi ?

J’eus un sourire ironique.

— Je t’admire vraiment, fis-je au bout d’un moment. Tu as toutes les dispositions nécessaires pour devenir un mari commode.

— Je ne te comprends pas.

— Ne peux-tu pas comprendre, m’écriai-je aigrement, qu’un autre est capable de s’éprendre de moi ?

— Oh ! oui.

— Et que moi, je m’éprenne de lui ?

Julian me regarda.

— C’est possible aussi, dit-il sans changer d’attitude.

— Et me crois-tu absolument incapable de te tromper ?

— Oui, dit-il d’un ton ferme.

— Pourquoi ? demandai-je avec violence.

— Parce que je te crois trop honnête, répliqua Julian avec conviction. Si tu en aimais un autre, tu