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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/312

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LA FEMME SÉPARÉE

je montais constamment contre Julian, finit par le provoquer. Ils se séparèrent ennemis.

J’espérais un duel. Mais comme Turkul donnait à son ami une épithète blessante, Julian lui répondit :

— Tu n’as pas le droit de m’insulter. Tu es malade et ne peux me rendre raison.

Mon projet de vengeance s’écroula de la sorte.

Turkul était réellement poitrinaire et son état empirait rapidement. Néanmoins, il me restait fidèle, et venait chaque soir me tenir compagnie ; l’aimable famille Barwizki m’avait abandonnée, dès qu’elle avait vu qu’il n’y avait plus rien à espérer, et que les jeunes filles eurent usé mes robes et mes manteaux jusqu’à la corde.

Les autres amis, aussi, désertèrent lorsqu’ils apprirent que je ne donnais plus de thés et que je n’avais plus de loge au théâtre.

Turkul devint de plus en plus malade. Il mourut au printemps.

Quelques instants avant sa mort, il demanda Julian. — Mais il était trop tard pour le faire appeler.

Outre Turkul, le comte Henryk m’avait rendu visite, de temps à autre, sans se brouiller avec Julian pour cela. C’était dans son caractère d’être bien avec tout le monde. Il faisait la navette entre Julian et moi, sans trop de peine.