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LA FEMME SÉPARÉE

femme n’est pas lésée par sa position vis-à-vis de l’homme ?

— Par sa position dans l’État, non certes, repartit Katinka vivement, mais bien par le mariage indissoluble. Quelle importance n’a pas une vie humaine ! N’a-t-on pas commencé dans plusieurs pays à abolir la peine de mort ? Voilà le souci qu’on a d’un meurtrier, et la femme, elle, doit souvent payer de toute son existence un moment d’erreur et de délire. L’abolition des potences et des échafauds serait une ironie amère, aussi longtemps que les sacrements de l’Église et la punition de l’adultère existeront. La position de la femme dans l’État, dans le mariage, deviendra, du reste, tout autre à partir du jour où la femme n’aura plus besoin de l’homme pour l’entretenir, où elle pourra subvenir elle-même à ses besoins et à ceux de ses enfants. Remarquez comment, partout où cette tendance à l’indépendance existe, la liberté grandit. Partout les femmes ont reconnu qu’avant de s’adjuger les droits de l’homme, elles doivent donner les preuves de leur capacité. De là vient le besoin pour elles d’une éducation semblable à celle de l’homme, de là les pétitions des femmes de Saint-Pétersbourg à leur gouvernement, réclamant pour leur sexe des gymnases et des universités.

— C’est très vrai, répondis-je. Et d’autant plus