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LA FEMME SÉPARÉE

siblement ; il évitait tout bruit, tout conflit, et avait une sainte terreur de tout ce qui pouvait troubler sa tranquillité.

Il arriva qu’à force de vouloir éviter toute espèce de contrariétés, toute « scène » ou « catastrophe », il se trouva soudain dans une position des plus désagréables.

Ses possessions perdirent beaucoup de leur valeur, sa fortune diminua de beaucoup, et, par dessus, il épousa sa maîtresse.

Elle l’avait menacé, après une liaison de plus de dix années, de mettre fin à ses jours s’il ne lui rendait immédiatement « l’honneur dérobé. »

Ce fut plus qu’une « scène ». Ce fut « toute une pièce », comme dit mon père. Enfin, il prit une prise, et se rendit.

L’ignoble créature qu’il me donna pour marâtre, fut, dès ce jour, comme une tache de rouille dans la réputation jusqu’alors intacte de mon père. Ses ennemis en profitèrent pour l’accabler.

Parmi ses adversaires, un jeune écrivain se faisait remarquer. Il s’appelait Julian de Romaschkan.

La nomination de mon père, la rentrée de mon mari dans ses fonctions dépendaient en quelque sorte de lui. Il jouissait d’une énorme influence dans le parti républicain.

Chez nous, on n’en parlait pas d’une façon flat-