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Page:Sacher-Masoch - La Pêcheuse d’âmes, 1889.djvu/169

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LA PÊCHEUSE D’AMES.

Henryka ; je sens qu’une puissance mystérieuse vous entoure, mais ce sentiment ne fait qu’augmenter encore l’attrait magique qui m’entraîne vers vous. Faites de moi votre alliée ; je vous aimerai comme une sœur et je vous écouterai comme une écolière docile.

— Réellement ? »

Dragomira tourna lentement la tête vers elle et la regarda d’un œil interrogateur.

« Conduisez-moi, je vous suivrai comme une aveugle, sans peur et sans aucune réflexion, répondit Henryka.

— Nous verrons.

— Aujourd’hui, permettez-moi de vous aider.

— Pourquoi non ? répondit tranquillement Dragomira, le premier pas dans la voie de la lumière éternelle que vous voyez devant vous par un pieux pressentiment, c’est l’humilité ; servez-moi donc. »

Henryka s’agenouilla devant Dragomira et lui baisa les mains ; puis elle lui ôta ses chaussures et lui mit les pantoufles turques brodées d’or qu’elle avait tirées du panier. Dragomira se laissa faire avec la majestueuse indifférence d’une souveraine.