convoquerai un conseil de famille, ou je réclamerai le secours des tribunaux.
— Je crois que tu es fou.
— Je connais mon devoir.
— Fais ce que tu veux, je n’en irai pas moins chez elle. »
Soltyk commença à s’habiller. Tarajewitsch réfléchissait.
« Tu m’as pourtant promis, dit-il, de me conduire dans un de tes domaines pour y chasser le loup.
— Oui.
— Alors, c’est bien. Va chez cette sirène. Je ne m’y oppose pas. Mais demain nous partons pour Chomtschin et nous chasserons pendant deux ou trois jours.
— Convenu, » dit Soltyk.
Un quart d’heure plus tard, il était auprès de Dragomira.
« Il y a une véritable conspiration contre nous, dit-il ; Tarajewitsch est devenu l’allié de Glinski. Je suis gardé comme un malfaiteur, et l’on me tient en tutelle comme un enfant. Demain on veut m’emmener à Chomtschin où j’ai un château. Nous y chasserons. Cela me fournit un excellent motif pour vous inviter. J’inviterai aussi Monkony. Venez avec lui ou avec votre tante. Si vous acceptez seulement mon hospitalité à Chomtschin, nous trouverons bien le moyen de nous entendre.
— J’ai horreur de toute espèce d’intrigues, répondit Dragomira ; pourquoi ne renvoyez-vous pas tout bonnement Tarajewitsch ?
— Je ne le peux pas. C’est un homme à me mettre sur le dos tous mes parents et même la justice. »
Dragomira réfléchissait.
« Cela veut dire qu’il faut tout simplement le mettre hors d’état de nuire, et le plus tôt possible.
— Avez-vous un plan ?
— On en trouvera un, une fois que nous serons à Chomtschin. Si vous avez autant de courage et d’énergie que moi, nous n’avons rien à craindre.
— Vous pouvez compter sur moi.
— Alors, à demain.
— Je vous remercie. »
Soltyk baisa sa belle main, qui était froide comme du marbre, et laissa Dragomira pour aller prendre les dispositions nécessaires.
Dragomira jeta à la hâte quelques lignes sur un papier, et les envoya à Henryka par Barichar.