Page:Sacher-Masoch - La Pêcheuse d’âmes, 1889.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XX

rêve d’amour

Laisse-moi plier les genoux devant toi et baiser le bord de ta robe.
Comte KRASINSKI.

Quand les traîneaux se furent arrêtés dans la cour du vieux château d’Okozyn et que le comte, prenant Dragomira dans ses bras, l’eut aidé à sortir des chaudes fourrures qui l’enveloppaient, il regarda autour de lui avec étonnement :

« Où sommes-nous ? demanda-t-il, Est-ce une propriété de ta mère ?

— Oui, répondit Dragomira ; mais notre résidence est Bojary, et c’est là que nous avons toujours demeuré. Okozyn est un château à demi ruiné où séjournaient des brigands et qui, depuis longtemps, n’était habité par personne. Ici, personne ne nous cherchera ; ici, nous serons heureux. »

Elle prit son bras et entra avec lui dans une galerie voûtée et brillamment éclairée, aux murs de laquelle étaient suspendus des portraits de dignitaires ecclésiastiques, de magnats et de grandes dames des siècles passés. Henryka, toujours en paysanne, vint à leur rencontre, et, prenant à part Dragomira, lui chuchota quelques mots à l’oreille. Dragomira fit un signe d’assentiment, et se tourna vers le comte.

« J’ai encore quelques ordres à donner, dit-elle avec un aimable sourire ; il faut donc que tu patientes encore un peu. Ensuite, je suis à toi. Suis Henryka qui te conduira et te tiendra compagnie. »

Soltyk prit congé de Mme Maloutine à qui il baisa respectueusement la main, et, guidé par Henryka, monta ensuite le vaste escalier qui menait au premier étage. Ils suivirent un