Ils se dirigèrent vers un banc en bois de bouleau qu’on apercevait sous l’ombrage sombre des sapins, et le fit asseoir auprès d’elle.
« Écoutez, murmura-t-elle avec une gravité d’enfant, le comte Soltyk me fait la cour, oui, oui, très sérieusement, si incroyable que cela paraisse.
— Je ne le comprends que trop bien.
— Il veut m’épouser et mes parents favorisent son idée.
— Et vous ?
— Jamais je ne lui donnerai ma main, jamais !
— Oh ! ma chère, ma bonne Anitta.
— Suis-je donc bonne ? M’aimez-vous réellement ?
— Vous en doutez ? Ne savez-vous pas encore lire dans mon âme ? Et si vous ne le savez pas, la voix de votre propre cœur ne vous dit-elle pas ce qui brûle et frémit dans mes regards ! Je croyais que tout le monde devait savoir que je vous aime et combien je vous aime.
— Vous m’aimez ! »
Anitta le regarda avec ravissement.
« Est-ce bien vrai ? Cela peut-il être vrai ?
— Me croyez-vous capable de mentir ? » murmura Zésim ; il se mit à genoux devant l’adorable créature et il plongea son regard dans ses yeux d’une irrésistible douceur, qui brillaient comme un ciel de printemps.
« Ah ! Zésim, c’est peut-être mal, car mes parents ne le veulent pas ; mais je ne peux pas faire autrement, mon cœur vous appartient. C’est avec vous que je dois vivre, avec vous et non avec un autre ; je vous jure un éternel amour, une éternelle fidélité !
— Une éternelle fidélité ! » répéta le jeune homme.
Elle l’entoura de ses bras dans un mouvement de débordante et chaste tendresse ; il l’attira à lui et leurs lèvres se confondirent. Ce fut un moment si doux, si pur ! Toutes les joies de cette vie et de l’éternité inondèrent ces deux jeunes cœurs, unis dans un rêve délicieux.
Anitta se dégagea doucement des bras de Zésim.
« Nous n’avons que peu d’instants à nous, dit-elle, ainsi ne perdons pas de temps. Vous allez peut-être me trouver folle, et rire de ce que je me mêle de vous donner des conseils, mais si vous trouvez que c’est sérieux, si vous voulez m’obtenir, il faut que vous agissiez promptement.
— Que dois-je faire ?