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LA FEUILLE BLANCHE

une feuille blanche ? » se disait-il en se réveillant. La même pensée lui revenait le soir et, la nuit, en se tournant et se retournant sur sa couche. Son sommeil se peuplait de rêves effrayants sur la Bastille ou d’autres institutions du même genre, rêves qui faisaient perler la sueur à son front.

La spirituelle comédienne remarqua bientôt son état, mais sans en déchiffrer l’énigme, car la feuille blanche était, depuis longtemps, sortie de son esprit.

À ses questions pleines de sollicitudes, il répondait par des paroles évasives ou des haussements d’épaules.

Combien de fois, la mutine petite espiègle versa dans la solitude, des larmes cachées qu’elle essuyait furtivement sitôt qu’elle entendait du bruit. Il était heureux pour elle qu’elle fût la première comédienne de France : quelque peine qu’elle éprouvât quand son ami fixait un regard sombre sur le parquet ou se montrait distrait et monosyllabique, elle ne lui présentait en retour que le sourire le plus affable et le plus gai, et son rire résonnait, mélodieux et sonore, à travers l’appartement, comme au temps de leur bonheur.

Un soir, la Gaussin venait d’interpréter un de