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LA FONTAINE AUX LARMES

genoux, lui passe les bras autour de la nuque et le taquine de caresses, deux autres le coiffent, et une quatrième le baise, en dépit de ses grimaces, sur ses grosses lèvres charnues.

— Qu’il est beau, Kiamil ! crie une cinquième, évidemment, il pense à se marier.

— Épouse-moi, Kiamil ! raille Anaïd. Aucune ne t’aime autant que moi.

Et elle recommence de le flatter comme un enfant.

Pendant qu’au harem, les rires et les jeux vont leur train, Marie, comtesse Potocka et favorite du Khan, est couchée, enveloppée de moelleuses fourrures et grelottante de froid, sur sa couche d’une somptuosité orientale ; à ses pieds, la vieille servante qui la soigne, anxieuse comme une mère, et pleine de sollicitude.

Le Khan se promène, l’ambre entre les dents et poussant devant lui des tourbillons de fumée, parmi les roses et les myrthes qui fleurissent sous les fenêtres, et, de temps à autre, entre dans la chambre remplie de parfums, pour demander des nouvelles de la santé de sa favorite.

L’esclave répond et Marie se contente d’acquiescer d’un mouvement de tête. Quoique prison-