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Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/177

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LA FONTAINE AUX LARMES

— C’est vrai.

— Ne vas-tu pas prendre froid de nouveau, sur ce marbre ?

— Je suis assise sur ma pelisse.

— Tes pieds touchent l’herbe humide, permets que je sois ton marchepied.

Elle sourit et, sans répondre, posa tranquillement ses pieds sur le jeune homme, comme s’il n’avait été là que pour cela.

Puis ils se mirent à causer, insouciants de leur situation, oublieux de leur entourage et du danger sans cesse menaçant.

Lui, parla de sa joyeuse enfance et de la maison de ses parents, des chasses à l’ours et des promenades en traîneau. Puis il commenta les dissensions des partis et la guerre contre la Russie.

Elle écoutait, profondément intéressée. Puis, elle-même décrivit le château de son père, où elle vivait libre, heureuse et sans souci ; la gaîté des nuits de Noël et les réjouissances de Pâques, auxquelles la noblesse accourait de vingt lieues ; elle dit le rôle décisif incombant à sa maison à la Cour et au Parlement ; puis, enfin, son enlèvement, à dix-huit ans, par les pillards cosaques qui la vendirent à des Tartares de la Crimée, et son ar-