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LOUP ET LOUVE

simple fils de sacristain, mais avec la lyre dans mes armoiries, je trouvai bon accueil au château de son père. Comme toutes nos hautes et gracieuses dames nées pour commander, pleine d’ardeur pour les arts et les sciences, Loba fut de bonne heure avide de s’instruire. Elle eut d’abord pour maître un chapelain de Carcassonne, puis moi. Je lui enseignai la poésie et la musique, et elle, elle fut mon professeur d’amour. Mais, lorsque j’implorai grâce à ses pieds, elle refusa mes services et accepta la main du seigneur de Gabaret. Ce faisant, elle me brisa le cœur. Oh, elle était belle et sage et, si aimable ! Élancée et blanche comme un lys, avec des cheveux luisant comme l’or du soleil et des yeux sombres dont le regard pénétrant vous dardait au cœur des flèches mortelles, sous l’arc de ses sourcils noirs. Elle avait une manière si attirante de subjuguer et de faire de vous véritablement son esclave ! Mais, après, elle savait être cruelle, tout à fait comme une louve. Je m’essayai à l’oublier. Je quittai Penautier et mon pays, et me rendis en Italie où je produisis mes chansons à la cour des Monteferre, des Malaspine, des d’Este. Mais, dans mon cœur, l’amour continuait de brûler, l’amour de la louve féroce, comme une