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LOUP ET LOUVE

commandement, et tu chanteras tes chansons, tes plus infâmes satires, aux bêtes de la forêt.

Ce disant, Vidal commença à changer de costume et à se teindre les cheveux. Guillaume l’aidait, tout en vocalisant, sans se lasser, sa chanson favorite :

D’amour la nature est telle
Qu’il rend plus sage l’homme sage
Et plus fol l’insensé.

Le lendemain de grand matin, le troubadour Faidit, suivi de son étrange cortège, faisait son entrée au château de Gabaret. Le veilleur de la Tour, qui n’avait pas fini de cuver son vin de la nuit, commença par faire, selon son habitude, toutes sortes de difficultés, et discuta quelque temps avant de faire baisser le pont-levis. En avant, chevauchait Faidit, vêtu d’une longue tunique de velours rouge brodé d’or, qui lui descendait jusqu’aux pieds ne laissant entrevoir que peu de chose de son pantalon collant, rayé bleu et blanc. Sur sa tête, un béret à aigrette de diamant ornée d’une plume blanche, flottait au vent et