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LOUP ET LOUVE

Deux femmes, toutes les deux jolies et de belle humeur, s’ébattaient dans les flots tièdes et se taquinaient en remplissant d’eau le creux de leur main et en s’éclaboussant mutuellement la figure. Qui les eût surprises n’eût pas hésité un seul instant à désigner Loba. Seule, la louve de Penautier possédait cette taille élancée, à l’allure fière, et ces cheveux abondants se répandant comme des flammes sur ses épaules éblouissantes. Seule, elle avait ce regard séduisant et inquiétant tout à la fois.

L’autre jeune femme, aux boucles pâles, aux yeux bleus pleins d’espièglerie, était Diane Obilot, son amie. Elle aida la châtelaine à s’habiller, parée elle-même des seules feuilles de roses dont l’eau de la baignoire était jonchée et qui s’étaient fixées dans ses cheveux.

— Tu l’aimes réellement ? demanda Diane, en lui passant par-dessus la tête une tunique de velours rouge.

— Qui prétend cela ? repartit la louve en fronçant légèrement ses orgueilleux sourcils.

— Pourquoi alors le distingues-tu et places-tu, toi, la suzeraine de Gabaret, un pauvre troubadour au-dessus des chevaliers et des princes ?