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Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/224

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LOUP ET LOUVE

C’était une fraîche matinée d’été. Dans les jardins humides de roses, le jet d’eau bruissait gaîment sous une haute charmille formée de rosiers grimpants et de vignes, et les pinsons gazouillaient, joyeux, sur les branches du vieux hêtre qui dressait sa majestueuse couronne jusqu’aux fenêtres de Loba. Vidal, toujours déguisé en vieux jongleur, était resté toute la nuit accroupi sous les fenêtres de l’aimée, contemplant sans se lasser le reflet de sa lampe dont la rouge lueur filtrait, à travers la fente des volets, sur le gazon vert. Enfin, il se leva en soupirant, bâta l’âne de Faidit et l’amena dans la cour. Delphine, qui le regardait faire de sa fenêtre, lui fit signe d’approcher ; mais il secoua la tête avec un air de triste résignation et quitta, emmenant l’âne par la bride, le domaine de la louve.

Une autre personne encore, assistait avec un sourire ironique à ce départ. C’était Raimond le troubadour, qui descendait l’escalier extérieur du donjon. Mais, bientôt, la vue de la truande et de