sa trahison, et, devant elle, vouer vos services et votre luth à une autre beauté.
» Vous atteindrez son amour-propre d’une manière bien plus sensible.
— Vous êtes femme et partant plus maligne que l’homme le plus malin, répliqua Raimond. Je ferai comme vous l’avez dit ; maintenant que tout repose, laissez-moi pénétrer dans votre chambre.
— Non, répondit la truande d’un ton sec, en refermant brusquement son volet.
Raimond partit d’un éclat de rire et s’assit sur le banc de gazon sous le tilleul. Il y attendait Loba, espérant lui parler quand elle se rendrait au bain, et se faisait passer le temps en composant sur elle un poème satirique. Peu à peu, le château sortit du sommeil ; les valets conduisirent les chevaux à l’abreuvoir ; le chapelain, suivi de deux pages, se rendit à la chapelle pour y célébrer la messe ; les servantes s’occupèrent à préparer le bain de leur maîtresse. Enfin, celle-ci parut, cette fois sans son amie, et s’approcha de Raimond pour lui souhaiter le bonjour.
— Qu’avez-vous ? lui dit-elle. Hier on ne vous a aperçu que de loin.
Raimond s’était résolu à agir avec prudence et à