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LA PANTOUFLE DE SAPHO

Grillparzer se leva en poussant un soupir, prit son chapeau et soupira de nouveau.

La Schrœder lui tendit la main.

— Je pars, dit-il en considérant cette main, mais — vous savez que je déteste le baise-main — je dois vous baiser la main. Si j’étais berlinois, je dirais que votre main est spirituelle, mais, en bon Viennois, je vous dis seulement : vous avez des menottes affriolantes.

Il porta la main, qui paraissait sculptée dans de l’ivoire, à ses lèvres et partit.

À peine la Schrœder se trouva-t-elle seule, qu’on frappa à la porte.

La vieille comédienne, Mme Muller, entra timidement.

— Mon Dieu, vous allez m’en vouloir de me présenter au moment d’une première. Je sais que ce n’est pas agréable et qu’on n’aime pas cela. J’ai été moi-même dans ce cas. Mais vous me pardonnerez, quand vous saurez que j’ai été bien malade et que je le suis encore, mais, quand j’ai appris qu’on jouait aujourd’hui une pièce nouvelle de l’auteur de l’Aïeule et que c’est vous, divine Schrœder, qui créiez Sapho, je suis sautée de mon lit et accourue. Il faut que je vous voie jouer, il le