Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
259
LOUP ET LOUVE

Deux semaines s’étaient écoulées depuis que Loba avait envoyé son page au comte de Foix. Elle se tenait dans la grande salle, entourée de ses femmes occupées à filer, broder et tricoter, et feuilletait un livre de chansons, lorsque le comte, vêtu avec goût et magnificence, entra et se jeta à ses pieds.

La louve, en le voyant, se mit à trembler, et demeura longtemps silencieuse. Enfin, elle le releva et le pria de s’asseoir.

— Vous vous êtes fait attendre longtemps, noble seigneur, dit-elle.

— Pardonnez-moi, très gracieuse dame, mais, vous le savez, je suis expert en l’art de manier l’épée et la lance, la flèche et l’arc, le poignard et la massue, non la plume. Quand je reçus votre lettre, mon clerc était absent. En conséquence, je la portai nuit et jour sur mon cœur, sans parvenir à la déchiffrer. Elle m’accompagna au tournoi de Ventadour et fut percée d’une pointe de lance sur ma poitrine.

Le vaillant tira le parchemin troué et le tendit