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LOUP ET LOUVE

sauvages, Vidal s’assit sur la pierre sylvestre et ouvrit le livre dans lequel son hôte avait lu. C’étaient les Saintes Écritures.

— Y comprenez-vous quelque chose ? demanda Aimeric en lui tendant les mûres, après avoir puisé de l’eau dans un petit sac en cuir servant de gobelet.

— Oh, je les connais, toutes les saintes aventures, répondit le troubadour, l’histoire du pauvre Job et de la belle Judith, le livre de Ruth et le cantique de Salomon.

— Vous êtes un incorrigible railleur, murmura Aimeric, mais vous, aussi, serez assailli un jour par quelque chose comme du repentir. Faites pénitence, il en est temps.

En disant ces mots, l’ermite tira de sa ceinture une discipline à manche court et la tendit à Vidal.

— Châtiez votre chair, cela vous fera du bien.

— Grand merci, repartit le troubadour en faisant disparaître les petites baies dans sa gueule de loup et en y faisant couler une gorgée d’eau claire ; si je dois absolument me mortifier, je préfère encore être tourmenté par une jolie femme.

Aimeric, qui s’était assis à côté de Vidal sur la pierre, soupira profondément.