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LA PANTOUFLE DE SAPHO

— Vous comprenez donc que je vénère votre maîtresse.

— Je m’étonnerais du contraire.

— Et vous comprenez que je l’aime, que je suis forcé de l’aimer, de l’adorer ?

— Si j’étais homme, je ferais comme vous.

— Par conséquent, ma chère, ma bonne, mon angélique Mademoiselle, procurez-moi quelque chose que Sophie Schrœder ait porté, et si ce n’était qu’un simple ruban ayant reposé sur sa divine poitrine, je le conserverais comme un fétiche, un talisman, aussi longtemps que je vivrais et jusqu’à l’heure de ma mort.

— C’est ce que je ne puis pas, monsieur le Comte.

— Vous ne pouvez pas ? se récria le Polonais. Et me laisser mourir, sans une consolation, sans un réconfort, cela vous le pouvez ?

— Mais que voulez-vous que je vous donne ?

— Ce que vous voudrez.

— Il n’y a pas un seul objet dont elle puisse se passer.

Le Polonais, qui avait fini de préparer le thé, saisit le flambeau avec une hâte fébrile, et se dirigea d’un pas rapide, à travers les salles, jusqu’à