sombre firmament que parcouraient, rapides, de grands nuages laiteux. Maître et serviteur cheminaient côte à côte en silence, non sur la grande route ni sur l’un des nombreux sentiers battus, mais droit à travers les champs, les prairies, les haies et les palissades, tantôt passant à gué un ruisseau, tantôt enfonçant jusqu’à mi-jambes dans un marais. De cette manière, ils étaient assurés de ne rencontrer personne et de se trouver toujours à proximité de quelque objet pouvant leur servir d’abri et leur permettre de se dissimuler.
Ils parvinrent sans encombre jusqu’à un large canal dont les bords étaient garnis de broussailles. C’est là que le capitaine prit congé de son serviteur, le chargeant de son plus affectueux message pour Agrippine. Puis il commença de se déshabiller. Benjamin le regarda quelque temps avec stupéfaction.
— Que voulez-vous faire ? questionna-t-il enfin. Comment pensez-vous atteindre Lille ?
— Très simplement, répondit Dubois avec un sourire, en descendant à la nage le fleuve qui traverse la ville et en suivant auparavant les canaux qui y conduisent.
— Mais comment échapperez-vous aux senti-