Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
BOVO

supporte aussi tranquillement votre présence et votre bruit.

— Le maître de ces lieux, répondit Cellini, est, je le présume, notre généreux monarque, et puisqu’en personne il les a mis à notre disposition, je suppose que nul n’y viendra contredire.

— Le maître dont je parle n’obéit pas aux rois de la terre, mais à celui d’en haut.

— Qu’est-il donc ?

— Un revenant nommé Bovo, chuchota le vénérable Pépin. Il est ici chez lui depuis des temps immémoriaux, et a déjà joué plus d’un mauvais tour aux habitants.

— Que me dites-vous là, vaillant chapelain ? s’écria Benvenuto en souriant. De nos jours, où l’on ne croit plus aux miracles de la foi, où nous ne craignons ni Satan ni personne, on s’expose au ridicule avec ces histoires de bonnes femmes.

— Je parle de faits.

— Et avez-vous vu de vos yeux ce très honorable signor Bovo ?

— Vu, non, soupira Pépin, mais plus d’une fois entendu de mes propres oreilles, la nuit, quand il faisait du vacarme dans les chambres désertes au-dessus de ma tête, ou quand il s’asseyait sur une